ESSAI – Alma Matter
PARCOURS D’AUTEUR #1 En 1993, à 7 ans, j’ai eu la chance d’essayer l’un des premiers casques de réalité virtuelle disponible pour le grand public. Des installations ont été réalisées au feu Sega World, un centre d’arcade de jeux vidéo, au Trocadéro à Londres. Ma première expérience ludique était en réalité virtuelle, en 3D et une simulation de vol; c’était un choc culturel unique étrange; j’ai testé un nouvel espace de liberté dans une réalité simulée. Ma mère, Marie-Paule Bilger, qui est artiste plasticienne, m’emmena très jeune dans son atelier, ses expositions et son univers si riche, puis me fit découvrir le cinéma de Jacques Tati au même âge. Avec cette éducation et cet environnement artistique, j’avais compris que j’étais contaminée par la fièvre de la création. Entre 2004 et 2010, j’ai étudié la réalisation et la cinématographie à la prestigieuse école de cinéma indienne, la Film & Television Institute of India (F.T.I.I.) près de Bombay. J’ai tourné une vingtaine de courts-métrage en 35 mm et expérimenté ce que le celluloïde peut offrir en termes de territoire d’expérimentations. Tous les jours à la cinémathèque indienne, j’ai regardé les chef-d’œuvres comme les films de Ritwik Ghatak et Mani Kaul. De ce rituel quotidien, je suis tombé amoureux des plans-séquences dans les cinémas de Miklós Jancsó, Andreï Tarkovsky,… Pendant six ans, j’ai passé l’équivalent de deux vies humaines d’ expérience, d’histoires et de rencontres où j’ai trouvé ma citoyenneté dans la nation cinéma. Pourquoi suis-je parti à 18 ans tout seul en Inde? Un jour, j’écrirai un livre à ce sujet. En 2010, j’ai déménagé en Afrique du Sud pour des raisons personnelles et je me suis rendu utile en tant que cinéaste en rejoignant une société de production spécialisée dans les documentaires. J’ai eu la chance de travailler comme réalisateur et monteur pour Greenpeace, Nelson Mandela’s Children Fund, UNICEF…. Je voulais approcher le réel avec mes outils cinématographiques et les explorer dans un sens d’activiste. Cette démarche a pris corps avec un documentaire finalisé au cours d’un atelier à l’École de Documentaire de Lussas, sur un jazzman sud-africain, Zim Ngqawana, que j’ai filmé quelques heures avant sa mort. A ce moment-là de ma vie d’auteur, j’ai développé une allergie contre le langage ontologique du cinéma qui était la linéarité, le séquençage de matériaux visuels et sonores et la verticalité entre la relation d’auteur aux spectateurs. Après une série de rêves lucides provoqués par la lecture de l’autobiographie d’Alejandro Jodorowsky (avec qui je collaborerai plus tard), le virus de la réalité virtuelle a germé dans mon esprit. J’ai écrit un scénario d’histoire interactif, script-doctoré par Jean-Claude Carrière et j’ai reçu la première aide au développement pour un projet VR de l’histoire du CNC. En 2014, j’étais sur le point d’abandonner la VR car je m’interrogeais sur sa capacité à émerger et à développer en un médium révolutionnaire, jusqu’à ce que je rencontre l’ingénieur Ando Shah qui a transformé sa caméra 360° pionnière en un abat-jour de lampe, n’ayant pas d’idée de son utilisation. A la même période, Facebook rachetait pour 2 milliards de dollars la startup Oculus. Dans un café de Bombay, Ando et moi avons commencé une collaboration fructueuse qui a conduit à former une société de production furtive , ANDO + PYARE et nous a fait voyager à travers des pays comme le Népal, l’Inde, l’Australie, le Canada, et les États-Unis. Depuis, j’ai réalisé plusieurs dizaines d’expériences dans l’interactivité et l’immersion (VR, AR, dôme, 360°, App, histoire audio…). L’année dernière, j’ai dirigé le concert virtuel de Jean-Michel Jarre et j’ai travaillé avec Chanel, Tissot, Arte, le Ministère de la Culture, SBS, MTV, Greenpeace… De nombreux médias internationaux ont écrit sur mes projets : Forbes, Verge, IndieWire, Vice, CNET, Rolling Stone, France Inter… Et mes œuvres originales comme Spaced Out ou Jet Lag ont été montrées dans des festivals comme Sundance, Cannes, New Images, et obtenu des prix aux Festivals, Nouveau Cinéma, FilmGate, Kaleidoscope… Selon les degrés différents d’implication, j’ai travaillé, collaboré et consulté sur des projets de réalité virtuelle, qui n’ont jamais vu le jour, pour des cinéastes comme Alejandro Jodorowsky (sous l’impulsion de son producteur Xavier Guerrero sur un projet de VR narratif), Jean-Luc Godard (avec l’intermédiaire de son secrétaire et collaborateur Fabrice Aragno sur un remake en VR d’une heure trente du film La Dame du Lac ou d’après des tableaux d’Edouard Manet), Marc Caro (j’ai été consultant sur sa série VR Dans La Lune) et Dario Argento (en essayant d’adapter son projet de long-métrage Sandman en fiction VR avec le scénariste et la productrice du projet initial, David et Daniela Tully).